Noël approche… vite, trop vite ? Vous manquez d’idées pour mettre des cadeaux sous le sapin ? L’équipe du Planète SF vous propose une sélection de titres qui pourront (peut-être) vous aider dans vos choix de cadeaux.
Planète-SF Communauté de lecteurs et blogueurs de l'imaginaire
Noël approche… vite, trop vite ? Vous manquez d’idées pour mettre des cadeaux sous le sapin ? L’équipe du Planète SF vous propose une sélection de titres qui pourront (peut-être) vous aider dans vos choix de cadeaux.
Né en 1973 à Buenos Aires, Mariana Enriquez est une journaliste, romancière et novelliste.
En français on peut lire d’elle le recueil de nouvelles Ce que nous avons perdu dans le feu et, depuis l’an dernier, le gros roman Notre part de nuit.
Après une délibération animée, Notre part de nuit, traduit par Anne Plantagenet et édité aux Editions du Sous-Sol, a obtenu le Prix Planète-SF des Blogueurs 2022.
Notre part de nuit est un roman-fleuve qui est autant une histoire fantastique d’une grande cruauté qu’une évocation du passé troublé de l’Argentine – le pays d’origine de l’autrice. C’est aussi la mise en lumière noire de rapports père-fils, avec tout ce que ces rapports comportent d’ambiguïté entre amour et exigence, ou encore de relations familiales dysfonctionnelles jusqu’à l’inimaginable.
Récit émietté, récit développé sur des décennies, récit éparpillé entre les lieux et les époques, récit kaléidoscopique mais toujours limpide, Notre part de nuit donne la parole à tous – même à ceux dont on sait qu’ils sont déjà morts -, ou lance à son lecteur quantité de références comme autant d’easter eggs à savourer. Un lecteur qui s’émerveille donc, avant de s’horrifier de ce dont il est témoin.
Colossal et convoluté comme une cathédrale baroque, Notre part de nuit est un récit larger than life, avec un fantastique larger than life, des personnages larger than life, la folie larger than life d’une grand-mère malfaisante, l’amour larger than life d’un père pour son fils, le délire larger than life d’une dictature criminelle, le tout lié par une structure proprement stupéfiante par la manière avec laquelle elle parvient à faire tenir le tout ensemble.
Notre part de nuit a déjà gagné les prix Imaginales, GPI, et Herralde en Espagne. On dira alors peut-être que nous ne sommes pas originaux. Mais pourquoi vouloir être original quand cela signifie passer à côté d’un roman d’une telle qualité ?
Le scrutin pour désigner la short list du Prix Planète SF des blogueurs 2022 est maintenant clos.
Les forumeuses et forumeurs ont voté et choisi :
Les membres du jury ont voté et choisi :
Cette année encore, une sélection de grande qualité qui va contraindre le jury à se torturer les méninges pour désigner le vainqueur – lors de la délibération de septembre, après les rattrapages – car, si bons que soient ces quatre livres, à la fin il ne peut en rester qu’un.
Quinze jours de vote et le premier titre de la shortlist du Prix Planète SF 2022 est connu.
Il s’agit de :
La nuit du faune, de Romain Lucazeau, publié par Albin Michel Imaginaire,
vainqueur aux points, qui devient donc le premier livre à intégrer la shortlist en vue de l’attribution du Prix 2022.
Le jury a maintenant la charge de voter en son sein pour ajouter trois autres livres à ce premier sélectionné. Ceci fait, la shortlist complète sera publiée. Les éventuels rattrapages de lecture auront lieu, comme chaque année, pendant l’été, et à la rentrée le jury pourra délibérer et attribuer le Prix Planète SF des Blogueurs 2022.
Ont obtenu aussi des votes lors de cette première phase :
Dans les profondeurs du temps, Adrian Tchaikovsky, trad. Henry-Luc Planchat, Denoël Lunes d’Encres
Demain et le jour d’après, Tom Sweterlitsch, trad. Michel Pagel, Albin Michel Imaginaire
Du roi je serai l’assassin, Jean-Laurent Del Socorro, ActuSF
Féminicid, Christophe Siébert, Au Diable Vauvert
L’alphabet des Créateurs, Ada Palmer, trad. Michelle Charrier, Le Bélial
La troisième griffe de Dieu, Adam-Troy Castro, trad. Benoît Domis, Albin Michel Imaginaire
Le sang de la cité, Guillaume Chmanadjian, Aux Forges de Vulcain
Les ancêtres, Brian Catling, trad. Nathalie Mège, Fleuve Editions
Les dix mille portes de January, Alix Harrow, trad. Thibaud Eliroff, Hachette Heroes
Les épreuves de Koli, M. R. Carey, trad. Patrick Couton, L’Atalante
Les maîtres enlumineurs, Robert Jackson Bennett, trad. Laurent Philibert-Caillat, Albin Michel Imaginaire
Maître des djinns, P. Djèli Clark, trad. Mathilde Montier, L’Atalante
Numérique, Marina & Sergueï Diatchenko, trad. Denis E. Savine, L’Atalante
Olangar le combat des ombres, Clément Bouhélier, Critic
Piranèse, Susanna Clarke, trad. Isabelle D. Philippe, Robert Laffont
Projet Dernière chance, Andy Weir, trad. Nenad Savic, Bragelonne
Récursion, Blake Crouch, trad. Antoine Monvoisin, Nouveaux Millénaires
Ring Shout, P. Djèli Clark, trad. Mathilde Montier, L’Atalante
Sœurs dans la guerre, Sarah Hall, trad. Eric Chedaille, Rivages
Widjigo, Estelle Faye, Albin Michel Imaginaire
Du 1er au 15 juin, les forumeurs inscrits sur le Planète-SF votent pour choisir le premier livre de la short-list pour l’édition 2022. Chaque forumeur/chroniqueur peut voter pour un à trois livres (dans l’ordre de préférence s’il y en a plusieurs).
Vous pouvez voter ci-dessous (sous le point de règlement). Si la chronique du (ou des) livre(s) choisi(s) (même courte et/ou seulement sur le forum) n’est pas encore écrite, il vous faut donc l’écrire et la mettre en ligne avant de voter.
Les membres forumeurs du PSF nominent un livre pour la short-list du Prix PSF. Les jurés PSF n’ont pas le droit de participer à cette phase.
Les livres arrivés en short-list l’année précédente ne sont pas nominables.
Le livre nominé par les forumeurs est déterminé par un vote.
Le système de vote secret est fourni aux forumeurs dès le 1er juin par le jury, et le vote est ouvert pour 2 semaines, du 1er au 15 juin.
Les forumeurs sont libres de faire toute campagne qui leur serait agréable, y compris avant l’ouverture du vote.
Il n’y a pas de préliste. Chaque forumeur qui le souhaite désigne de 1 à 3 livres, classés s’il y en a plusieurs. Le(s) livre(s) désigné(s) doit avoir été chroniqué(s), au moins brièvement sur le forum, par celui qui le(s) désigne.
Le livre désigné en premier (le préféré) score 3 points, l’éventuel second 2 points, l’éventuel troisième 1 point. Les comptes sont faits par le jury au vu des votes reçus.
A l’issue des deux semaines de vote, celui-ci est déclaré clos et l’ouvrage ayant obtenu le plus de points est désigné publiquement comme Choix des Forumeurs (en cas d’égalité de points, le jury est souverain pour déterminer un moyen de départage qui sera rendu public). Le Choix des Forumeurs est le premier ouvrage désigné de la short-list du Prix PSF.
Depuis une vingtaine d’années, Lavie Tidhar écrit une œuvre originale qui lui a valu de très nombreux Prix, tant pour ses romans que pour ses nouvelles. Auteur de textes dans lesquels se mêlent passion pour l’Imaginaire et identité juive, Tidhar livre à ses lecteurs des histoires originales qui allient un sens omniprésent du merveilleux, fut-il scientifique, et une réflexion très pertinente sur la réalité contemporaine dans sa complexité. Fin connaisseur, d’ailleurs, de la production contemporaine, Tidhar est aussi éditeur et anthologiste SFFF.
Son roman Aucune terre n’est promise paru chez Mü et traduit par Julien Bétan reçoit aujourd’hui le Prix Planète-SF des Blogueurs 2021.
Aucune terre n’est promise est l’histoire de Lior Tirosh, un auteur de fantasy qui prend l’avion à Berlin afin de rentrer chez lui en Palestine. La Palestine uchronique de Tirosh est un Etat juif fondé au début du XXe siècle entre le Kenya et l’Ouganda (écho lointain d’une possibilité qui n’advint jamais). Mais on comprend vite, par les glissements qu’on perçoit comme des zones troubles au bord du champ de vision, que Tirosh est au cœur de questions qui le dépassent et que le monde d’Aucune terre n’est promise est bien plus qu’une simple uchronie.
Car dans ce pays-refuge fondé sur l’impulsion des Sionistes Territorialistes – ceux qui, dans notre monde, n’ont pas gagné – des forces sombres sont à l’œuvre. Celles, on pouvait le craindre, de l’impérialisme et de la spoliation qui, ici comme chez nous, engendrent injustices et drames, mais aussi celles, plus étonnantes, d’un nationalisme sans borne qui veut étendre Eretz Israël bien au-delà des simples frontières de la Palestine de Tirosh, dans tous les « lieux » d’un Multivers bien particulier qui est celui d’une protéiforme judéité.
Intelligent, fascinant, intrigant avant de devenir clair, Aucune terre n’est promise est un grand roman qui mérite amplement le Prix Planète-SF 2021.
D’une grande ambition politique, historique, humaine, Aucune terre n’est promise aborde avec une belle finesse les questions si importantes de la raison d’Etat, du colonialisme, de l’identité. Il exprime, mieux que bien d’autres, le dilemme éthique d’un peuple qui doit, pour avoir une terre, s’emparer de celle d’un autre peuple. Il raconte l’identité duale, déchirée, qui est celle des Juifs, ici et toujours comme dans le monde si particulier de Tirosh. Il fait tout cela avec un brio à travers une histoire qui happe le lecteur et ne le lâche plus jusqu’à ce qu’il ait enfin vu et compris tout ce qui se dissimulait au début.
« Imaginez que vous êtes une chose et, en même temps, quelque chose de complètement différent, les deux essayant de coexister. C’est cela, je pense, être Juif – être toujours une chose et une autre, ne jamais être tout à fait adapté. Nous sommes les grains de sable qui irritent la coquilles d’huître du monde »