Février est un mois consacré à Greg Egan par les éditons Le Bélial’. Après la réédition de Isolation mi février, place à Instanciations un recueil fix-up de 3 nouvelles qui se déroulent dans le même univers, paru le 29 février. La traduction des textes est de Francis Lustman.
Les 3 histoires de ce livre ont le même personnage principal, et sont aussi liées par leur thématique commune autour des jeux vidéo et de la conscience artificielle. Dans ce monde, les personnages ne sont pas des humains, mais des comps, pour composites. Ce sont des composites artificiels de plusieurs personnalités scannées après leur mort qui ont été associées pour en former une nouvelle. Ces comps vivent dans des mondes virtuels, ce sont des intelligences artificielles utilisées comme des personnages non joueurs en gros. Ce concept amène son lot de questions: la légalité par rapport au téléchargement de conscience de personnes décédées, la vie sous forme digitale, comment définir ses comps…
La première des 3 nouvelles s’appelle Figurants virtuels et date de 2013. Nous faisons connaissance avec Sagreda qui se réveille dans un endroit étrange qu’elle ne comprend pas. La gravité n’est pas la même que celle que nous connaissons sur terre, elle tire vers l’Est. Sagreda finit par comprendre la vérité, elle se trouve dans Est, un monde virtuel dont elle est un personnage non joueur, dans un jeu informatique. Une fois le choc passé et ce que son statut entraîne comme conséquences, Sagreda va essayer d’améliorer son existence et celle des autres comps. Les chapitres sont courts, l’écriture de Greg Egan fort plaisante et on se laisse facilement prendre par ce premier récit qui pose les bases de son univers.
Le second texte, Triadique date de 2018. Les comps ont évolué, ils ont appris comment voyager au sein des différents mondes virtuels de la compagnie de jeu dont ils dépendent. Sagreda se trouve ainsi dans le monde de Midnight on Baker Street, un Londres du XIX ème siècle ambiance vampires, gothique, et où on peut croiser les Shelley. Cependant, Sagreda a un peu de mal avec son incarnation, étant donné qu’elle est dans un corps d’homme, le Capitaine. Elle et son compagnon Mathis sont à la recherche d’un monde particulier qui pourrait leur offrir une opportunité inespérée. Greg Egan s’amuse avec les univers qu’il créé dans ce texte, se permet même quelques traits d’humour et de second degré fort bienvenus.
La dernière nouvelle porte le même nom que le recueil, Instanciation, et date de 2019. Que deviennent nos amis personnages non joueurs quand on arrête un jeu? On pourrait se poser la même question avec les personnages d’un roman d’ailleurs. Sagreda et ses amis comps ne veulent pas disparaître. Il leur faut trouver une solution, une faille dans le système pour arriver à migrer vers un autre support indépendant. Pour cela, ils vont mettre au point un plan diabolique. Là encore, l’auteur s’amuse avec les univers et joue avec les codes des différents genres de l’imaginaire.
Instanciations offre ainsi un récit composé de trois histoires qui s’emboîtent. Greg Egan s’amuse avec les univers virtuels, mélangeant les genres, jouant avec les lois de la physique, les mathématiques, tout en posant des réflexions sur les consciences artificielles. Un ouvrage vraiment surprenant et captivant.
Autres avis: FeydRautha (VO), Quoi de neuf sur ma pile,
Auteur: Greg Egan
Éditions: Le Bélial’
Parution: 29/02/2024
Lorsqu’elle ouvre les yeux, elle n’a aucune idée de l’endroit où elle se trouve. Une grotte ? Comment est-elle arrivée là, quand, et pour quelle raison ? Impossible de le dire non plus… D’ailleurs, elle ignore même qui elle est. Mais quelque chose ici ne tourne pas rond. De cela, au moins, elle est certaine. Car aussi étrange que cela puisse sembler, son environnement lui apparaît comme… penché. Et très vite, une autre certitude grandit en elle : il ne faut pas rester dans les parages…
Instanciations, qui réunit trois récits formant un tout cohérent, explore les limites et enjeux de la vie sous forme digitale – une problématique aux ramifications vertigineuses.
Une chose est sûre : l’essence du roman est bel et bien là. On retrouve clairement les idées qu’il porte sur le colonialisme, le fanatisme, le rôle d’emprisonnement des religions, l’aveuglement que peuvent amener les leaders providentiels (au détriment du coté SF mystique, voire psychique, assez typique des années 60 et nettement mis en retrait ici). Tout cela est même exprimé plus franchement que dans le roman, à l’évidence Denis Villeneuve a le livre suivant, « Le messie de Dune », dans la tête et le film qui adapte le premier roman est déjà tourné vers celui-ci là où Frank Herbert avait dû expliciter sa pensée en écrivant « Le messie »…
Tout cela passe certes, adaptation oblige, par certaines concessions que l’on peut trouver dommageables (quasi absence des mentats ou des navigateurs de la Guilde Spatiale (au bénéfice du Bene Gesserit, très présent), disparition de Thufir Hawat, une compression temporelle assez importante couplée à une notion du temps qui passe assez floue) ou des modifications parfois importantes (le personnage de Chani, assez différent de celui du roman mais qui appuie ici le message du film, Alia également très modifiée, mais c’est sans doute pour le mieux, quoiqu’il faudra voir le film suivant pour juger la pertinence de ce choix), mais pris globalement tout cela se déploie de belle manière sous les yeux des spectateurs.
Le casting étincelant du film fait largement le job, avec notamment un Thimothée Chalamet (Paul Atréides) qui, quand on prend soin de regarder le début du premier film, a vraiment su passer du gamin futur successeur de son père à un vrai leader politique, une Zendaya (Chani) chargée d’ouvrir les yeux (alors qu’elle les fronce beaucoup…) du spectateur sur l’aveuglement des Fremen dirigés par une religion créée de toutes pièces, et une Rebecca Ferguson (Jessica Atréides) que j’avais personnellement trouvée très bonne en Dame Jessica dans le premier film mais qui s’était vu reprocher par de nombreuses personnes de paraître trop émotive, qui ici devient presque flippante et c’est une très belle réussite de sa part. Seule déception : un Christopher Walken qui incarne un Empereur Shaddam IV bien faiblard là où je m’attendais à un Empereur autoritaire, qui ne s’en laisserait pas conter. Je n’arrive pas à déterminer si le problème en revient à un choix de Denis Villeneuve de faire paraître l’Empereur ainsi ou s’il s’agit simplement de Walken lui-même, qui paraît bien fatigué…
Et bien sûr, sur le strict point de vue technique et esthétique, le film est une éblouissante réussite, qui navigue sans problème entre scènes d’une grande beauté (le désert magnifié, les Fremen mis au premier plan et qui prennent vraiment de l’épaisseur, dommage que leurs sietchs me paraissent un peu vides, notamment quand on connaît la suite de la saga et les actions des Fremen à l’échelle galactique) et scènes d’action explosives (pas nécessairement présentes dans le roman d’ailleurs mais le cinéma étant un art visuel, il est difficile de passer outre quand elle existent dans l’intrigue, c’est d’ailleurs tout à fait la même chose dans « Le Seigneur des Anneaux » de Peter Jackson qui présente de longues batailles que Tolkien expédiait en quelques lignes, les deux films partageant d’ailleurs de nombreux points communs en tant qu’adaptations « pas strictes » du matériau d’origine parce qu’il est impossible de faire autrement, les choix faits par les réalisateurs, s’ils peuvent être discutables, finissant donc par faire de leur film leur vision : « Le Seigneur des Anneaux » de Jackson, au-delà de sa réussite incontestable, est bien celui de Jackson mais pas de Tolkien, idem pour ce film « Dune » : c’est le « Dune » de Villeneuve, pas celui d’Herbert) comme la déjà incontournable chevauchée du ver des sables ou la spectaculaire destruction d’une moissonneuse Harkonnen.
Et tiens, parlons un peu des Harkonnen justement. Objet d’une parenthèse à l’esthétique poussée (noir et blanc), le long passage sur Giedi Prime (qui semble devoir beaucoup à H.R. Giger, ce qui n’a rien d’étonnant quand on sait que ce dernier a travaillé sur l’adaptation maudite de Jodorowski, avant qu’une partie de son travail soit reprise dans « Alien ») permet de mieux appréhender cette famille cruelle, aussi bien dans sa manière de vivre que sur l’échiquier plus global de l’intrigue « galactique » (les plans dans les plans, et ce sur les deux plans, haha !). Choix audacieux, mais payant à mon avis, surtout quand on découvre le personnage de Feyd-Rautha, incarné de façon magistrale par Austin Butler qui lui donne une substance qui va au-delà du boss de fin de niveau pour Paul Atréides.
On pourra donc toujours trouver à redire ici ou là, ne pas être d’accord avec tel ou tel choix, c’est d’ailleurs un peu le propre de toute adaptation, mais ce « Dune » de Denis Villeneuve (qu’il faut peut-être voir en un seul morceau même si cela demande une attention continue de cinq heures, puisque la première partie durait 2h35 et cette deuxième 2h45, générique compris) est à mon sens une grande réussite, une magnifique épopée à grand spectacle, visuellement (Greg Fraiser à la photographie fait à nouveau merveille) et soniquement (le travail sur le son est important, sans oublier la musique de Hans Zimmer, qui surprend moins que dans le premier film car les thèmes ont pour la plupart tout été déjà écrits mais qui fait un travail remarquable pour donner vie à la planète Arrakis et à ceux qui la peuplent), qui simplifie certes quelque peu la narration du roman tout en gardant une certaine complexité pour qui ne connaît pas du tout le texte (il y a beaucoup d’éléments d’intrigue abordés en peu de temps, j’ai pu le vérifier avec ma compagne) mais sans altérer ni atténuer le message fort du récit d’Herbert (notamment quand on le place en parallèle avec la géopolitique actuelle, preuve du caractère visionnaire du roman écrit il y a pourtant 60 ans et qui, d’une certaine manière, explique un certain nombre des événements de ces dernières années, même si je regrette l’abandon du terme « jihad », devenu aujourd’hui inutilisable en occident car trop connoté) et qui a tout pour faire date dans l’histoire du cinéma de SF. Incontournable.
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]]>Ce rendez-vous du « C’est lundi, que lisez-vous ? » fut initié par Mallou qui s’est inspirée de It’s Monday, What are you reading? by One Person’s Journey Through a World of Books. Il a depuis été repris par Les Paravers de Millina. Le principe est de répondre chaque lundi à trois petites questions :
1. Qu’ai-je lu la semaine passée ?
2. Que suis-je en train de lire en ce moment ?
3. Que vais-je lire ensuite ?
J’ai lu le deuxième tome de L’interdépendance qui est un tome de transition qui m’a fait passé un bon moment, même si on est loin du coup de coeur que j’avais eu pour le premier tome.
Rossignol par contre m’a un peu déçue, je m’attendais à une intrigue plus poétique et onirique.
En cette nouvelle semaine, je vais certainement commencer cette lecture qui ne semble pas correspondre à mes goûts habituels, mais qui m’intrigue !
Synopsis
Difficile d’échapper à son héritage familial quand, comme Marco Delusi, on grandit au sein d’une famille dysfonctionnelle dans laquelle être un homme signifie haïr les femmes. Seul son oncle Ray lui montre de l’affection et l’initie à la magie du monde et de celles et ceux qui le peuplent, habitants de l’ombre autant que de la lumière.
Après la mort de Ray, Marco vit à l’écart de la société. Celle-ci se rappelle toutefois à son bon souvenir quand son fils disparu huit ans plus tôt revient dans sa vie. Ce retour laisse alors surgir un passé qu’il préférait oublier.
Pour sauver son garçon, Marco sait qu’il lui faudra mettre fin à la malédiction qui pèse sur les hommes de sa famille et accorder son cœur au rythme des autres. Pourquoi pas à celui de Hannah, son premier amour…
Le temps, peut-être, de trois battements et d’un silence.
Je vais enfin découvrir cette série dont le premier tome fait partie de ma liste de 12 livres à lire pour 2024.
Et vous, qu’êtes-vous en train de lire en ce moment ?
Je vous souhaite un très bon lundi et une bonne semaine !
Le soleil, haut dans le ciel en ce début d’après-midi, étincelait sur l’eau calme. Il n’y avait pas de brise ; seul le sillage du bateau à moteur perturbait la baie paisible. La carte du pilote indiquait en pointillés l’ancien lit du fleuve directement sous sa quille, mais aucun courant ne coulait à la surface ; la Yarra débouchait désormais à quelque distance au nord, au pied des Dandenong, là où la Ville-Nouvelle avait trouvé refuge parmi les collines et les arbres.
Le pilote avait oublié son émerveillement initial pour la Vieille-Ville et l’immense étendue de ruines submergées en contrebas ; c’était désormais pour lui un voyage de routine. Chaque année, il transportait des centaines d’historiens, d’archéologues, de plongeurs et de touristes. Il ne pensait plus qu’au plaisir de constater que le soleil était devenu assez fort pour qu’il se débarrasse de ses vêtements et de profiter de la chaleur sur sa peau.
De telles journées n’étaient pas si nombreuses, même en plein été, et le vent du sud apporterait un attiédissement avant la tombée de la nuit.
Profitez-en tant que vous le pouvez, pensa-t-il, savourez ce moment.
Et si cela frôlait un peu trop l’hédonisme pour un bon chrétien, qu’il en soit ainsi. Il croyait davantage au pardon des péchés qu’à sa propre capacité d’atteindre la perfection.
Lorsque cette ville engloutie avait atteint le maximum de sa population – et aussi de son désespoir – mille ans plus tôt, le soleil avait brillé tout au long des quatre saisons, mais ce temps-là était désormais révolu et ne reviendrait pas. Le Long Été avait pris fin et le Long Hiver – peut-être cent mille ans – se profilait. Le vent froid du sud à la tombée du jour, chaque nuit, chuchotait son murmure en éclaireur et le pilote était heureux de vivre à cette époque plutôt que dans le passé ou le futur.
Les glaces des pôles ont fondu et les eaux ont fini par envahir une partie des terres. En 2041, les dix milliards d’habitants de la planète sont divisés en deux castes : les Stables, plutôt aisés, et les Souilles, vivant dans la misère.
Les Conway font partie des privilégiés et vivent en territoire Stable jusqu’au jour où un drame frappe toute la famille. Contraints de laisser leur vie confortable derrière eux, ils s’installent aux abords d’un quartier Souille, fait de violences quotidiennes et de combines. Au milieu de gratte-ciels à demi submergés, Francis et son frère Teddy vont découvrir un monde rude et cruel qu’une nouvelle menace risque de condamner.
Entre le rêve de redevenir des Stables et l’acceptation de leur nouvelle condition de Souilles, les frères devront faire des choix qui les dépassent et déclencheront une série d’événements qui bouleverseront le monde…
George Turner explore de façon magistrale les conséquences du changement climatique. L’Été et la mer est une œuvre essentielle qui décrit avec acuité la vanité et l’aveuglement du système libéral, principal responsable, pour l’écrivain, du désastre à venir.
PRIX ARTHUR C. CLARKE DU MEILLEUR ROMAN
Brèves réflexions
Ce roman date de la fin du XXe siècle et on y trouve déjà les inquiétudes climatiques qui sont devenues, hélas, beaucoup plus présentes de nos jours, car beaucoup plus tangibles. Enfin, ce ne sont plus des inquiétudes, puisqu’on dirait bien que le monde a terriblement changé. On en est à vivre avec les conséquences de nos actes actuels. Et les villes telles que nous les connaissons semblent submergées. En tout cas, certaines d’entre elles. Cela me fait penser, entre autres, à Bangkok Déluge de Pitchaya Sudbanthad, quand tout commence. Quand on a encore une chance d’arrêter ou, du moins, de ralentir les dégâts. Et, peut-être, de conserver un peu de notre mode de vie. Au lieu de continuer en fonçant dans le mur, en fermant les yeux pour ne pas voir le danger approcher, en se disant que jusqu’ici, tout va bien.
Et là, en plus de la submersion, on découvre la différence de températures. À l’opposé de nos craintes actuelles, les personnages de cette histoire ont plutôt l’air de craindre le refroidissement de l’atmosphère. Pas terrible non plus.
Par contre, les sociétés ne paraissent pas avoir disparu, puisqu’il existe encore « des centaines d’historiens, d’archéologues, de plongeurs et de touristes ». Cela a un côté rassurant.
Ne reste plus qu’à le lire pour voir ce que je penserai de ce prix A. Clarke de 1988.
George TURNER, L’été et la mer
Mnémos, Label Mu (13 mars 2024)
416 pages
The Sea and Summer (1987)
Traduit de l’anglais [Australie] par Olivier Bérenval
Édition brochée : 23 € / Édition électronique : 12,99 €
Un rendez-vous bloguesque partagé
Ce rendez-vous est suivi par pas mal de blogueurs et blogueuses :
Lady Butterfly & Co – Cœur d’encre – Ladiescolocblog – À vos crimes – Ju lit les mots – Voyages de K – Les paravers de Millina – 4e de couverture – Les livres de Rose – Ma lecturothèque – Mots et pelotes – Miss Biblio Addict !! – La magie des livres – Elo Dit – Zoé prend la plume – Light and smell (le samedi) – Collectif polar : chronique de nuit –
Si vous participez aussi à ce rendez-vous dominical, signalez-le moi. Ainsi, je pourrai actualiser la liste.
Pour le cinquantième envol à travers l’espace et le temps, soit une heure-lumière, les éditions le Bélial’ convoque un astrophysicien devenu auteur de science-fiction, j’ai nommé Alastair Reynolds. Et quoi de plus approprié à l’occasion qu’un texte explorant… l’espace et le temps ? La livrée à venir le 21 mars 2024 du cinquantième numéro de la collection Une Heure-Lumière sera donc De l’espace et du temps d’Alastair Reynolds. Par là se confirme aussi l’envie de l’éditeur d’offrir une place grandissante à l’auteur dans son catalogue, après la publication de La Millième nuit en août 2022 dans la même collection, et du roman Eversion en février 2023. Un autre roman, La Maison des soleils – et quel roman ! – est annoncé pour avril 2024.
De l’espace et du temps est une novella dans laquelle l’astrophysicien devenu auteur de science-fiction – j’insiste car cela a une importance métatextuelle, je crois – clairement s’amuse, tout en livrant une métaphore de son propre parcours, de scientifique à écrivain. Toute sa vie, un scientifique tentera de lever un à un, et tant bien que mal, les voiles qui séparent les connaissances humaines de la réalité du monde et de l’univers. Cela s’accompagne d’une frustration qui est celle de savoir que derrière un voile s’en trouve toujours un autre et que sa quête ne sera tout au plus qu’une étape, que jamais il ne contemplera la vérité en face. Être scientifique, c’est se confronter chaque matin à l’inconnu et à l’incompréhension, et savoir qu’il en sera toujours ainsi le lendemain. L’auteur de science-fiction, lui, possède cet infini avantage de pouvoir, s’il en a la volonté et la capacité, de mener sa quête à travers l’espace et le temps sans rencontrer de limites. Dans De l’espace et du temps, Alastair Reynolds nous dit, d’une certaine manière, pourquoi il a choisi en 2004 de quitter l’ESA de ne plus se consacrer qu’à l’écriture, et porter son télescope au-delà des frontières imposées par les lois de l’optique.
Renfrew est le dernier humain. Un virus militarisé et devenu vagabond a mis un terme à l’expérience humaine. Géologue en mission scientifique dans une station martienne, Renfrew et ses compagnons ont cru pouvoir survivre mais le destin de leurs congénères les a rattrapés. Renfrew enterre (enmarse ?) Katrina Sloyovona et se retrouve seul, loin de sa planète natale désormais silencieuse. Il sait qu’il peut survivre ainsi encore longtemps, mais dans quel but ? Il est le dernier représentant de son espèce en vie dans l’univers. L’univers est-il dépourvu de vie pour autant ? Un piano et un événement imprévu vont lui donner un but et Renfrew va se lancer dans une quête de connaissance, infinie et éternelle, à travers l’espace et le temps…
À elle seule, cette novella donne une définition de la science-fiction, celle des enchantements intellectuels et de l’immensité des imaginaires. C’est amené non sans humour, mais avec véritable réflexion sur le sens de la vie, de l’univers et de tout le reste. L’exercice est purement intellectuel, et il lui manque une émotion autre que le vertige pour emporter plus encore le lecteur mais cet aspect n’a jamais été le fort d’Alastair Reynolds. Nous ferons sans, mais avec passion.
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]]>Après un Cathédrale surprenant, me voilà intrigué de découvrir la prochaine parution de Hermine Lefebvre. C’est chez Scrineo que ça se passe avec La cité oubliée, de l’aventure dans une Venise magique menacée par les eaux, la quête d’une cité perdue, appétissant tout ça.
Résumé :
« Imagine, disait son père, une cité à côté de laquelle celle-ci n’est que peu de chose. Imagine la magie qui la baignait tout entière et donnait tout pouvoir à ses habitants sur les forces de la nature. Imagine l’harmonie entre les Venezians et les Êtres sous la lagune… »
Marchant dans les pas de son père disparu, Lauro recherche la légendaire Antique Cité que tous les Venezians croient engloutie à jamais. Mais le soir où il est sur le point de s’emparer d’un anneau réputé y mener, il est devancé par Clemente, un jeune homme aux talents particuliers qui semble avoir de nombreux secrets.
Tandis que des pluies inhabituelles s’abattent sur la ville, ils devront s’allier pour faire face à ceux qui tentent à tout prix de les empêcher d’atteindre la Cité oubliée.
Couverture : Hypathie Aswang
Éditeur : Scrineo
Nombre de pages :
Prix : 21,90€ (broché) / 9,99€ (numérique)
J’ai toujours pas lu Marge Nantel malgré son Dans l’ombre des miroirs qui fait dodo dans la liseuse, et voilà qu’elle arrive chez Mnémos avec Code Ardant, un post-apo qui sent bon le Fury road, on surveille ça de près, donc.
Résumé :
Dans un futur proche, dans une Europe et une Afrique en lent déclin technologique, un groupe de convoyeurs se retrouve témoin de l’anéantissement d’Albi, qui conservait les codes d’un des derniers satellites en activité. Pris dans la course poursuite entre différentes forces cherchant cette technologie révolue, les convoyeurs partent avec un Ardant, le seul survivant, un humain conditionné, super entraîné, drogué et n’ayant aucune conscience de lui-même, mais capable de trouver le dernier centre de contrôle de cette partie du monde.
Couverture : Angeline Bandong
Éditeur : Mnémos
Nombre de pages : 416
Prix : 24€ (broché) / 9,99€ (numérique)
Pierre Grimbert est en forme ! Après les deux opus dans le monde des Parangons, voilà Pax Elfica, où la vérité sera enfin dévoilée sur ces connards arrogants aux oreilles pointues. J’ai toujours su qu’ils cachaient des trucs pas nets, eux.
Résumé :
Voici sept ans, les elfes sont sortis de leurs forêts du nord pour libérer la cité humaine de Brenhaven. Ils étaient les seuls à pouvoir le faire, les seuls capables de vaincre le Nécromant et son armée de morts-vivants. Malheureusement, après leur victoire, les héros ne sont jamais partis.
Aujourd’hui, les elfes sont devenus les nouveaux tyrans, opprimant la population ; couvre-feu strict, interdiction d’être armé ou d’utiliser la magie.
Leur prétexte ? Protéger la Sylve, cette forêt poussée en une nuit au beau milieu de la ville, et dont ils prohibent totalement l’accès.
Certains citoyens résistent, dans l’ombre, mais la plupart veulent seulement éviter les ennuis, comme le nain Tolan Dunkar, lanternier de profession, qui aurait préféré ne pas voir cet adolescent humain tomber à ses pieds depuis un arbre interdit…
Couverture : Elvire De Cock
Éditeur : Mnémos
Nombre de pages : 440
Prix : 27€ (relié) / 9,99€ (numérique)
Un nouveau Sabrina Calvo sort en Avril et c’est toujours bon à noter, même si j’ai pas l’impression que l’éditeur ait lancé la machine à com, pas de couv (je vous colle Melmoth en placeholder), un pitch « peut-être officiel mais je sais pas » trouvé sur babélio. On verra ce que ça va donner, mais le concept de Laurent-Voulzy-Punk ça c’est du bon délire.
Résumé :
Stagiaire dans un magazine pour adolescentes, Vic partage sa vie entre les passions tristes d’une mode virtuelle et son histoire d’amour dysfonctionnelle avec Maria Paillette, son IA buggée. Quand l’opportunité lui est donnée de percer à jour les mystères du premier clip cyberpunk français, Les nuits sans Kim Wilde de Voulzy, elle est entraînée au sommet du monde de la haute couture parisienne.
Couverture : ?
Éditeur : La volte
Nombre de pages : 278
Prix : 19€ (broché)
Seule nouveauté VO sous mon radar, The silverblood promise a fait pas mal de bruit chez les influenceurs angloricains, avec pas mal de comparaisons avec Scott Lynch et son Locke Lamora, me voilà intrigué.
Résumé :
Lukan Gardova is a cardsharp, academy dropout, and – thanks to a duel that ended badly – the disgraced heir to an ancient noble house. His life consists of cheap wine, rigged card games and wondering how he might win back the life he threw away.
When Lukan discovers that his estranged father has been murdered in strange circumstances, he finds fresh purpose. Deprived of his chance to make amends for his mistakes, he vows to unravel the mystery behind his father’s death.
His search for answers leads him to Saphrona, fabled city of merchant princes, where anything can be bought if one has the coin. Lukan only seeks the truth, but instead he finds danger and secrets in every shadow.
Couverture : Jeff Brown
Éditeur : Jo Fletcher Books
Nombre de pages : 608
Prix : 20£ (relié) / 9,99£ (numérique)
Après deux tomes de la saga de Christopher Ruocchio dévorés, j’ai encore Le démon blanc qui attend, mais voilà que le quatrième arrive aussi en poche pour rejoindre ses petits copains, Les royaumes de la mort sort chez Bragelonne poche, et on guette la sortie du 5 qui n’a pas encore donné signe de vie en grand format. Et si Bragelonne nous fait une Bragelonne, on continuera en VO.
Résumé :.
Pendant près d’un siècle, il a été l’hôte de l’Empereur, un conseiller prisonnier de sa propre légende. Mais la guerre connaît un tournant. L’humanité est en train de perdre.
Les Cielcins déferlent depuis les marches de l’Empire, choisissant leurs cibles avec une précision démoniaque. Le grand prince Syriani Dorayaica est sur le point d’unifier les clans, de constituer une armée qui représentera une menace comme l’humanité n’en a jamais connu.
Et l’Empire résiste seul.
L’Empereur n’a d’autre choix que de confier à Hadrian Marlowe – autrefois son chevalier préféré – une tâche impossible : traverser la moitié de la galaxie pour rencontrer les représentants du Commonwealth lothrien afin de les convaincre d’entrer en guerre. Les apparences sont parfois trompeuses, cependant… et ce voyage conduira Hadrian au-delà de l’Empire, loin du Commonwealth, derrière les lignes ennemies.
Couverture : Kieran Yanner
Traduction : Nenad Savic
Éditeur : Bragelonne
Nombre de pages : 768
Prix : 12,90€
Le préquel au Prieuré de l’oranger arrive en poche également, si vous avez déjà eu une tendinite au bras en lisant le grand format du premier roman, ça vaut peut-être le coup.
Résumé :.
Soeur du Prieuré de l’Oranger, Tunuva Melim s’est entraînée pendant cinquante ans à combattre des wyrms. Au nord, dans le reinaume d’Inys, la princesse Glorian vit quant à elle dans l’ombre de ses parents. Dumai, de son côté, a passé sa vie dans un temple, essayant de réveiller les dragons de leur long sommeil. Lorsque le mont Effroi entre en éruption, ces trois femmes doivent trouver la force de protéger l’humanité d’une menace dévastatrice.
Couverture : Ivan Belikov
Traduction : Benjamin Kuntzer
Éditeur : J’ai lu
Nombre de pages : 672
Prix : 8,90€
Déjà noté dans mon radar en grand format lors de sa sortie, Quand vient la horde fait partie des romans qui me faisaient hésiter, les échos que j’en ai eu parlaient d’un bouquin très grimdark, peut-être un peu trop pour moi, mais en poche, ça se tente peut-être ?
Résumé :.
» On murmurait les terres saccagées, les vivres extorquées à vil prix, les champs de cadavres, les filles disparues. À la tête de ces hommes, il y avait celle qui se faisait appeler la Putain Blanche. « Si tu n’es pas sage, la Femme Blanche viendra te chercher », voilà de quoi on menaçait les enfants récalcitrants. Et elle était vraiment venue le chercher. «
Dans une Corée médiévale devenue province russe, Ivan, un bâtard sans le sou, se démène pour assurer sa survie et celle de sa fiancée. Tout bascule lorsqu’il est enlevé par la Horde Blanche, une troupe de mercenaires dirigée par la Putain Blanche et connue pour faire couler le sang partout où elle passe. Utilisé comme appât par la Putain pour assouvir une vengeance, Ivan décide de lui faire croire qu’il va coopérer, à ses risques et périls… Car quand vient la Horde, la mort n’est jamais loin.
Couverture : ?
Éditeur : Folio Fantasy
Nombre de pages :
Prix : 9,90€
Dans la série des « ça avait l’air bien mais j’ai pas eu le temps », Feuillets de cuivre de Fabien Clavel avait eu de très bons retours à l’époque de sa sortie grand format, donc à tenter.
Résumé :.
Paris, 1872.
On retrouve dans une ruelle sombre le cadavre atrocement mutilé d’une prostituée, premier d’une longue série de meurtres aux résonances ésotériques. Enquêteur atypique, à l’âme mutilée par son passé et au corps d’obèse, l’inspecteur Ragon n’a pour seule arme contre ces crimes que sa sagacité et sa gargantuesque culture littéraire.
À la croisée des feuilletons du XIXe et des séries télévisées modernes, Feuillets de cuivre nous entraîne dans des Mystères de Paris steampunk où le mal le dispute au pervers, avec parfois l’éclaircie d’un esprit bienveillant… vite terni.
Couverture : Camille Ollagnier
Éditeur : Hélios
Nombre de pages : 344
Prix : 9,90€
Même chose pour Le pays sans lune de Simon Jimenez, de très bons retours lors de sa sortie en grand format, mais là je me méfie parce que quand les lecteurs de SF sont unanimes sur un roman de fantasy, c’est un peu louche.
Résumé :.
Dans le Vieux Pays, le peuple souffre sous la domination du Trône de la Lune. L’Empereur et ses fils monstrueux – les trois Terreurs – saignent la terre et oppriment leurs sujets grâce aux fantastiques pouvoirs qu’ils ont hérités de la divinité enfermée sous leur palais. Mais aucune divinité ne peut être contenue éternellement.Avec l’aide de Jun, un soldat brisé par son passé, et de Keema, un paria qui se bat pour son avenir, Elle s’échappe de Sa prison royale. Et tous trois s’embarquent dans une quête de vengeance et de liberté, pour eux-mêmes mais aussi pour tous ceux qui souffrent sous le joug du Trône de la Lune.
Couverture : Studio J’ai Lu ( ¯_ (ツ)_/¯ )
Traduction : Patrick Dechesne
Éditeur : J’ai Lu
Nombre de pages : 576
Prix : 9,20€
De David Bry, j’avais lu Que passe l’hiver qui ne m’avait pas complètement convaincu, malgré une belle atmosphère hivernale. Ici, c’est une contrée de brumes qui est le lieu de l’histoire et bien m’a pris de relaisser une chance à l’auteur !
Assez classique dans sa trame de début, le roman voit se dessiner un conflit entre deux frères, deux princes plus exactement, complices au début puis de plus en plus étrangers, voire ennemis, alors qu’une guerre se déclenche contre un autre royaume qui les a trahi. L’aîné, Ianto, accède au trône pendant le conflit mais fait bien peu de cas de son cadet, Bran, qu’il jalouse secrètement. Bien sûr, il y a une belle (et « Rebelle ») princesse dans le camp ennemi (Mérida, sors de ce corps !) qui cristallisera encore les tensions alors qu’elle est promise, contre son gré mais par devoir, à Ianto alors que Bran en est fou – et c’est réciproque, hein. Et il y a cette brume qui mange progressivement le territoire, un magicien assez fantasque et désinvolte (Gandalf sans son chapeau), des géants endormis qui sont en fait les dieux de ce monde d’inspiration celto-bretonne en déclin, la corruption du pouvoir…
Tout ça est classique, presque trop, et les thématiques me font penser à du young adult (ce qui n’est pas vraiment ma tasse de thé). Mais, car il y a un mais, l’histoire bascule assez soudainement dans le drame. La seconde partie est bien plus sombre (et intéressante, du coup, en ce qui me concerne) et les cartes sont redistribuées. Le drame est bien posé, les surprises et coups de théâtre se succèdent et la vraie histoire sous-jacente se révèle peu à peu. Et il y a des scènes qui sont, quand même, sacrément choquantes. Finalement, Le Chant des Géants est-il vraiment le récit de Bran, le beau gosse sympa et amoureux, gentil et un peu naïf ? Pourquoi les dieux sont-ils sourds aux mortels qui ne jurent que par eux ? Qui sont ces immortels qui font l’intermédiaire et quels sont leurs but? Et d’où vient cette brume maléfique ?
Ajoutons à cela des batailles épiques qui sont très bien menées, dans le sang et les tripailles au plus près des combattants, un petit peu de géopolitique de ce monde imaginaire, avec alliances et trahisons… On se retrouve finalement avec un livre qui mêle poésie et fantasy parfois dark, ambiance hiverno-brumeuse et mythologie, et la plume de David Bry achève d’emporter l’adhésion. Au final, j’ai dévoré ce livre de 400 pages en quelques jours et passé un bon moment en me laissant bercer par Le Chant des Géants, déclamé lors de veillées au coin du feu, alors que le vent souffle dehors et que la brume envahit les chemins…
Le Bibliocosme – Au Pays des Cave Trolls – Book en stock – Chez Yuyine – L’Ours Inculte – Sometimes a book – …
(source éditeur)
» Entrez, entrez.
Asseyez-vous, n’ayez pas peur. Il reste de la place, là, au fond, près de la cheminée.
Oui. C’est bien. Très bien. Commandez des bières, des pommes braisées, ce que vous voudrez, mais faites vite. Vous autres, dans la paille, rapprochez-vous?; calez-vous contre les murs, les tonneaux, les pieds des tables.
Voilà…
Le feu ronfle, les bûches craquent. La nuit est tombée. Les marmites sont vidées.
Laissez-vous aller. Fermez les yeux. Juste un peu.
Et écoutez-moi.
Je vais vous raconter une histoire.
Celle de notre île d’Oestant où dorment trois géants : Baile, aux rêves de mort et de musique, Leborcham, mère du brouillard, des collines et des plaines, et enfin le puissant Fraech aux songes de gloire et de batailles.
Je vais vous parler de guerres, d’amour et de trahisons?; de cris, de sang et de larmes.
Je vais vous parler de grands espoirs, de ce qui est vain. De ce qui meurt.
Alors, fermez les yeux.
Laissez-vous aller.
Voilà.
Mon histoire commence sur la lande, en bord de mer, dans le château de l’étrange roi Lothar. «
Prix Elbakin.net 2022 – Meilleur roman fantasy francophone.
Editeur : Pocket – Date de parution : 05/10/2023 – 416 pages
(source éditeur)
David Bry est un auteur de fantasy, d’anticipation et d’uchronie. Grand dévoreur de livres, il commence très tôt à écrire ses premières histoires, passe aux pièces de théâtre, aux scénarios de jeux de rôle, et enfin retourne à ses premières amours : les romans. Marié et père de deux enfants, il travaille à Paris et vit en Seine-et-Marne, bercé par le bruit de l’eau et du vent.
]]>Après un premier tome tout en chevalerie et en honneur, passons au deuxième volet de cette trilogie dans le Vieux Royaume, univers de fantasy du fameux auteur français Jean-Philippe Jaworski. Le gros avantage du livre est d’être sorti peu de temps après, et on me souffle dans l’oreille qu’il en est de même pour le tome 3. Un très bon point car on peut enchaîner l’ensemble des livres sans rien oublier de cette histoire assez dense.
Exit les chevaliers, place à la saleté, à la roublardise, à ce fils de… de Benvenuto Gesufal. Je me suis douté de suite de sa présence lorsqu’on le croisait sans le nommer par trois fois dans le premier tome, avec un petit je-ne-sais-quoi de répulsion et de curiosité. Ce tome couvre son histoire, des préparatifs de son voyage dans le duché de Bromaël au fameux tournoi des preux du tome I, puis une mission délicate en territoire « ennemi »… Le récit est celui d’un Benvenuto vieux (de sa conscience ? s’il en a une !!), à la première personne, et cela ne parlera de rien d’autre hors les tribulations de notre agent/assassin préféré/détesté (selon les lecteurs).
Le livre commence quand Benvenuto reçoit la charge par le podestat tout puissant Leonide Ducatore de seconder l’ambassadeur de Ciudala dans le convoyage de la dot de sa fille Clarissima (la grande copine de Benvenuto…) au duc de Bromaël suite à leur mariage, et de répondre aux demandes de celle-ci. Il prend donc la mer avec l’argent et les hommes de Ciudala, subit une tempête, et arrivé à destination essaye de se faire oublier… jusqu’au tournoi où tout s’accélère.
Ce tome est très différent du premier, pour de nombreuses raisons, même si la moitié des deux livres raconte les mêmes faits. On y retrouve d’abord une écriture très différente dans le style : racontée par Benvenuto, l’histoire donne un tout autre point de vue sur les événements du tournoi et ses préparatifs. L’auteur joue avec cette répétition des faits, mais on découvre l’ensemble des péripéties qui n’étaient qu’esquissées, suggérées, et pas du tout expliquées dans le premier livre. Le style de Benvenuto est inimitable, avec son franc-parler et son bagout, ses expression d’argots et son absence de tout scrupule. On en apprend un peu plus sur sa vie et son œuvre, son évolution après Gagner la guerre. On sent que l’auteur a adoré jouer avec son héros, le mettre dans de sales draps et le laisser se débrouiller pour trouver une issue à ses problèmes. J’ai beaucoup aimé les épisodes de quiproquos et de questionnement de Benvenuto, qui ne comprend pas grand chose pendant le roman, et part sur des fausses pistes (celle avec le chevalier de Quéant est savoureuse).
L’intrigue se développe un peu plus dans ce second tome, on est plus dans la vision de la diplomatie, des coups tordus, des calculs politiques à peine avouables. L’histoire du Vieux Royaume apparaît plus complexe, torturée, et globalement Bromaël semble plus un lieu de conflit que la campagne sauvage et presque touristique décrite dans le premier opus. Les barbares d’Ouromagne sont aussi plus complexes, avec des ambitions qui s’affichent clairement. Le combat d’honneur pour la duchesse répudiée passe presque pour une broutille par rapport au reste. Mais on sent que le conflit va encore largement monter d’un cran pour le dernier tome, et les divisions nées du tournoi et du retour de l’ex duchesse vont peser lourd.
Le Conte de l’Assassin est donc à nouveau une belle réussite. Il poursuit de manière très différente l’histoire commencée dans le Tournoi des Preux. On y retrouve les différents protagonistes du premier livre, mais avec l’ajout de taille de Benvenuto Gesufal, qui se laisse balader durant tout le roman, avant de s’imposer comme le maître assassin qu’il est. Vivement la fin de la série…
Autres avis: Boudicca,
Auteur: Jean-Philippe Jaworski
Éditions: Les Moutons électriques
Parution: 14/06/2023
Au cours du tournoi de Lyndinas, l’épreuve de force s’est envenimée entre la noblesse restée loyale au duc Ganelon de Bromael et les chevaliers qui ont pris fait et cause pour son épouse répudiée. Des manigances étrangères ont contribué à jeter de l’huile sur le feu…
Car quels sont les intérêts la République de Ciudalia au sein du duché ? Pourquoi appuyer les ambitions militaires du duc contre l’Ouromagne ? Quelle est la réelle mission de l’ambassade envoyée à la cour ducale par le podestat Leonide Ducatore ? Certains des émissaires ne sont-ils pas de réputation douteuse ? Il semble qu’un assassin de la Guilde des Chuchoteurs ait réussi à s’infiltrer parmi eux…
Quels ordres criminels sera-t-il amené à exécuter au sein de la noblesse bromalloise, et à quelles fins ?
Un deuxième volet qui peut se lire indépendamment, vision alternative et développement des événements du premier tome.
Un bon Scalzi
Je suis un lecteur régulier de John Scalzi depuis que je l’ai découvert avec sa série du Vieil homme et la guerre. Depuis, je lis chacune de ses parutions avec un grand intérêt. Et dans l’ensemble, j’apprécie (par exemple, La Controverse de Zara XXIII ou La Dernière Emperox). Même si le roman de l’année dernière, La Société protectrice des kaijus m’avait un peu déçu. Il faut dire que l’auteur utilise un peu toujours les mêmes recettes et, parfois, cela peut lasser. Mais pas à tous les coups. La preuve, cette fois, j’ai beaucoup aimé. Superméchant débutant a été dévoré en quelques heures, un sourire légèrement niais sur mon visage. Pourtant, on y retrouve les classiques : un humour pas toujours léger, mais qui est passé comme une lettre à la poste ; des personnages stéréotypés, mais j’ai trouvé que l’auteur avait su en jouer avec une certaine finesse.
Il va falloir apprendre à connaître ceux qui comptent vous liquider, Charlie.
James Bond, l’humour en plus
En effet, John Scalzi s’est attaqué à un nouveau genre dans ce récit. Il s’en est pris aux romans d’espionnage style super espion face aux super méchants. Enfin, à peu près. Car, le le titre le laisse deviner, notre héros ne va pas nécessairement se retrouver du bon côté de la barrière. Son oncle Charlie ne gagnait pas sa vie uniquement en spéculant sur les parkings. Il se mêlait un peu beaucoup de politique en tentant d’influencer les choix des différents gouvernements. Comment ? Eh bien, grâce à ses nombreuses inventions, toutes plus étranges les unes que les autres. Prenez les films de James Bond et piochez dans les armes mégalomanes, vous aurez une petite idée de l’éventail qu’il s’était bâti. On passe allègrement du laser tueur de satellites aux dauphins capables d’espionner ou de saboter des navires.
Le cadre aussi est directement inspiré de cette saga légendaire. Le siège social de cette société est sis sur une ile, autrefois base secrète de gouvernements qui ont fini par l’abandonner. Et bien sûr, on y trouve le détail obligatoire : le volcan en activité. Quand on soigne son image de marque, il faut aller jusqu’au bout ! L’auteur pioche même du côté d’Indiana Jones, avec des références à un trésor nazi : d’ailleurs il ne s’en cache pas et cite lui-même une scène du film. John Scalzi recycle allègrement tout ce qui passe par son esprit.
Nous sommes des méchants de James Bond réunis.
Et, bien sûr, pour finir, les ennemis. Car même si on est du côté des méchants (du moins, officiellement), on se doit de rencontrer des difficultés portées par de gros méchants. Et là, Charlie est servi : toute une société secrète se dresse contre lui. Sans le savoir, il est tombé en pleine histoire d’espionnage à grand spectacle et à gros moyens. Lui qui ne savait pas comment conserver sa maison ni continuer à se nourrir convenablement. La transition va être brutale.
Candide au pays du Dr No
Ce qui fascine, évidemment, surtout au début, c’est l’écart prodigieux entre le quotidien d’une banalité affligeante de Charlie et le monde dans lequel il est projeté. D’un côté un jeune homme classique, sympathique mais banal, sans grand talent apparent, divorcé malgré lui et qui ne partage sa vie qu’avec une chatte. De l’autre, des hôtels de luxe, des armes incroyables, des aventures impressionnantes. L’opposition est forte et John Scalzi manie son humour ravageur à fond dans ces situations. La naïveté première de Charlie explose en remarques amusantes voire hilarantes face à ce qu’il découvre progressivement. Et cela nous permet, à nous lecteurice, de le suivre avec aisance. Ensemble, nous pénétrons ce monde violent et ridicule, meurtrier et sclérosé.
Ou alors je m’entends mieux avec les chats qu’avec les gens, et les chats le sentent.
Je ne dirai rien sur les chats (la couverture annonce leur importance), car ce serait cruel de ma part de dévoiler cette part du mystère. Mais ils font partie de ce qui m’a plu dans ce nouveau roman de John Scalzi. Un moment de distraction bienvenu, intelligent et au rythme équilibré. J’ai retrouvé avec joie mon auteur-bonbon, capable de me faire sourire et rêver en même temps. Et de me sortir complètement de mon corps pour prendre des habits qui ne sont pas les miens : ceux d’un Superméchant débutant, par exemple.
Présentation de l’éditeur :
« Nous proposons un service de destruction de satellites ?
— Nous avons une clientèle privilégiée, qui, en échange d’une contribution annuelle, obtient la possibilité de se servir de notre outil pour imposer des difficultés logistiques à ses concurrents. Dans l’espace.
— C’est donc un “oui”.
— C’est un “nous gagnons beaucoup d’argent en proposant un service dont personne ne se sert.” Notre clientèle ne nous paie pas pour anéantir des satellites. Elle nous paie pour avoir la satisfaction de savoir qu’elle pourrait les anéantir si elle le voulait. »
Une nouvelle inattendue vient ébranler le quotidien de Charlie, qui végète entre son pub préféré de la banlieue de Chicago, son divorce et un boulot alimentaire : son oncle Jake, magnat de l’industrie du stationnement, est mort en faisant de lui son héritier.
Est-ce la fin des ennuis ? Loin de là ! Point de parking dans son héritage, mais une base secrète au fond d’un volcan, sur une île paradisiaque où se trament les pires machinations. Charlie ne s’attendait pas à ça en se rendant chez le notaire, encore moins à des négociations syndicales avec des dauphins augmentés…
Merci aux éditions de L’Atalante (Emma Chabot) pour ce SP.
D’autres lectures : Mureliane (Les chroniques de l’imaginaire) –
]]>Je l’ai peut-être mentionné lors de chroniques précédentes : dans mes lectures, je n’aime pas les manigances politiques. Les intrigues, les complots, les conspirations et contre-conspirations… Je trouve que le récit s’y noie en machinations brumeuses, perd en consistance et en intérêt, et au final je n’y passe pas un bon moment.
Enfin, sauf ici. Dans Cathédrale, j’ai adoré : parce que j’ai trouvé que la politique, pourtant centrale mais sans lourdeur, se mêlait brillamment à un univers prenant et à une intrigue pleine de rebondissements. Dans un contexte de tensions politiques, j’ai aimé voir le jeu des alliances faire et défaire des amitiés, les groupes se former et se diviser, les allégeances et les secrets passer d’un camp à l’autre…
J’ai accroché à ces intrigues, je suppose, parce qu’elles se rassemblent autour d’un élément qui m’a immédiatement captivée : une chasse au trésor ! Présentée comme la seule solution au conflit qui grandit, la quête pour le Cœur de Cathédrale déroule ses énigmes l’une après l’autre tout au long du récit… Il s’agit là d’un élément scénaristique qui me plaît à coup sûr, et qui n’a pas fait défaut ici. J’ai aimé voir l’enquête avancer, l’occasion en outre d’approfondir l’univers, son histoire et ses complexités géopolitiques : l’ensemble est profondément tangible, et le devenir des personnages pris dans cette crise considérable m’a tenue en haleine tout au long du récit.
Au-delà de cette intrigue qui m’a captivée de bout en bout, j’ai tout autant apprécié l’enrobage qu’en propose l’autrice. La pointe de magie apporte une touche supplémentaire de mystère et d’inattendu, le bâtiment de Cathédrale et sa personnalité presque palpable m’ont rappelé avec nostalgie une autre école remplie de sorcières et sorciers, le secret qui entoure le personnage de Lionel et sa relation avec Frédéric pimentent encore davantage le récit. Complétons l’ensemble avec une atmosphère résolument plus sombre que ce à quoi je m’attendais : le résultat fut, sans conteste, une très agréable lecture !
Si vous n’avez pas encore succombé à l’aura de Cathédrale, je ne peux que vous conseiller de vous laisser tenter : intrigue et rebondissements, nombreux secrets et trésor à la clé, vous y trouverez sans nul doute de quoi passer un bon moment !
Dans un royaume miné par les querelles entre la reine et ses grands vassaux qui réclament leur indépendance, Cathédrale est une université d’élite. Elle devient bientôt l’enjeu de luttes de pouvoir : pour préserver la paix, la souveraine est mise au défi de trouver le « Cœur de Cathédrale », artefact à la source de sa magie et symbole de l’unité du pays, perdu depuis des siècles.
Fils d’ouvrier ambitieux tout juste admis au sein de l’école grâce à son don, Frédéric se lance dans cette quête, mais se heurte à Lionel, héritier d’une grande famille. Malgré leurs différences, ils n’auront d’autre choix que de s’allier pour affronter la violence qui gangrène l’école et dresse les étudiants les uns contre les autres. Mais parviendront-ils à sauver le royaume et Cathédrale alors que Lionel semble en savoir beaucoup trop sur Frédéric, qui devine un secret profondément enterré ?
~ Cathédrale, d’Hermine Lefebvre – Éditions Leha
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]]>Mon avis,
Après avoir entendu énormément de bien de ce livre, j’ai été très curieuse de ce premier roman prometteur.
Une fantasy nord africaine
J’ai beaucoup apprécié que cette fantasy ne soit pas une fantasy « à l’européenne » mais plutôt nord africaine. En effet, on y retrouve pas mal les codes du Maghreb, plus précisément de l’Algérie et ça ne fait vraiment pas de mal de changer et de découvrir d’autres légendes (même revisitées). Pas que ce soit lassant de tourner toujours autour des légendes européennes mais il existe tellement de folklore et de légendes partout ailleurs que j’ai vraiment pris plaisir à découvrir un nouvel univers.
Une quête initiatique
Passer la découverte de ce monde aux inspirations maghrébines, on se retrouve avec une quête initiatique avec des codes assez connus de la littérature jeunesse, comme l’enfant (ici une jeune fille) orphelin, une prophétie de préférence énigmatique et pas clair sur la personne qui la concerne à résoudre pour améliorer le monde actuel de l’histoire.
Des personnages intéressants
J’ai apprécié malgré les codes vus et revus, les personnages.
Sirem qui aimerait changer les choses et en savoir plus sur son passé. Tanit qui a vécu trop de choses et aimerait retrouver sa forme originelle, Kamil qui voudrait vivre sa vie tranquille avec ses fards et ses tissus et Nedjim qui se cherche une famille et bricole à tout.
En conclusion,
Un roman dont l’univers change au niveau du lieu de l’histoire par rapport à ce que nous connaissons plus habituellement, mais avec des codes assez connus et reconnus. On trouvera malgré tout quelques longueurs mais l’histoire et les personnages se tiennent plutôt bien et je suis curieuse de savoir si l’autrice écrira un autre roman.
Pour aller plus loin : Les premières pages,
]]>Voilà déjà un moment que je vois tout mon entourage s’enthousiasmer pour le cycle La Tour de garde, écrit par Guillaume Chamanadjian et Claire Duvivier. Jusqu’à récemment je pouvais encore prétendre attendre que l’ensemble du cycle soit paru, mais désormais je ne peux plus reculer, alors en avant !
La Tour de garde est donc un cycle de six romans de fantasy écrits à quatre mains. Ce cycle se compose en fait de deux trilogies, Capitale du Sud, signée par Guillaume Chamanadjian et Capitale du Nord, signée par Claire Duvivier.L’article Alain Damasio – La horde du contrevent est apparu en premier sur Zoé prend la plume.
]]>En choisissant ses nouveaux maîtres, Andrea Cort a été bien récompensée : elle est devenue Procureure extraordinaire pour le Corps diplomatique de la Confédération homsap. Enfin libérée de la plupart des liens hiérarchiques, elle n’a plus à rendre compte de ses déplacements.
Invitée par la famille Bettelhine – des marchands d’armes qui sont moralement complices de nombreux massacres et génocides –, elle se rend sur Xana. Andrea méprise les Bettelhines, mais la curiosité est plus forte : elle aimerait savoir ce qu’ils lui veulent.
A peine arrivée au port orbital, des assassins tentent de l’éliminer avec une arme extraterrestre vieille de 15 000 ans : la troisième griffe de Dieu. Une arme aux effets effroyables. Piégée dans un ascenseur spatial, Andrea va devoir mener l’enquête la plus périlleuse de sa carrière.
Après Emissaires des morts, Andrea Cort nous revient dans une nouvelle enquête. Cette fois-ci pas d’exploration de planète vertigineuse au programme, mais un huis-clos dans un ascenseur spatial qui rencontre quelques dysfonctionnements…
On retrouve ici Andrea en voyage sur une toute nouvelle planète. Elle a cette fois-ci été invitée par la famille Bettelhine sur leur planète Xana. Les Bettelhine, c’est une famille d’entrepreneurs qui a bâti sa fortune et sa réputation sur le développement et le commerce d’armes. Dès son arrivée sur la planète, Andrea échappe de peu à une tentative d’assassinat. Ses agresseurs avaient en leur possession une arme très ancienne aux effets terrifiants appelée Griffe de dieu. Suite à cet évènement, Andrea est accueillie dans un ascenseur spatial, en compagnie de certains membres de la famille Bettelhine, leurs serviteurs et d’autres invités prestigieux, où se déroulera la quasi-totalité du roman. Comme on peut s’en douter, une personne présente dans l’ascenseur va être assassinée avec une fameuse griffe de dieu. Commence alors pour Andrea une enquête qui va la plonger au cœur de dynamiques familiales complexes. Si Andrea va partir à la recherche de l’assassin, l’enquête va la mener sur les traces de ses origines, mais l’obliger également à déterrer de profonds secrets de famille.
Plus que dans n’importe quel autre texte mettant en scène Andrea Cort, on ressent dans La troisième griffe de dieu l’influence de l’œuvre d’Agatha Christie. Adam-Troy Castro prend le temps de soigner sa mise en place, introduisant habilement décors et personnages et nous plaçant dans un huis-clos particulièrement étouffant. Lorsque l’assassinat se produit, Andrea Cort prend immédiatement les choses en main, interrogeant un par un les différents suspects afin d’identifier tout le cheminement du coupable qu’elle exposera finalement lors d’un grand rassemblement de tous les personnages à la manière d’un Hercule Poirot. Cet hommage aux romans d’Agatha Christie rend la lecture particulièrement plaisante, d’autant plus que l’auteur nous offre une intrigue à la hauteur de celle de la reine du crime, mais également parfaitement modernisée et adaptée à son univers science-fictif.
La troisième griffe de dieu nous offre ainsi un récit complexe mené tambour battant. Adam-Troy Castro nous offre toujours une sensation de vertige et de claustrophobie en nous plongeant avec beaucoup de réalisme dans cet ascenseur spatial. A ce huis-clos étouffant s’ajoute une dynamique malsaine qui se joue entre les différents protagonistes et un personnage d’Andrea Cort toujours aussi revêche, créant une tension qui grandit au cours de la lecture. De plus, l’enquête et les enjeux sont suffisamment élaborés pour que la lecture ne soit jamais prévisible. Si la thématique autour de cette grande famille riche et puissante reste classique, Adam-Troy Castro réussit à intégrer des aspects propres à son univers de science-fiction notamment à travers les différences de culture entre les peuples de différentes planètes, les différences de langue ou la question des armes.
De plus, ce deuxième tome nous montre une évolution dans le personnage d’Andrea Cort qui est désormais accompagnée par ses deux gardes du corps, les Porrinyard. Je craignais que cette évolution soit trop franche et que Andrea perde les traits qui la caractérisaient. Finalement, son évolution est bien dosée, Andrea s’adoucit parfois un peu trop, mais son évolution est cohérente et elle garde tout de même son mauvais caractère et ses blessures qui forgent ce qu’elle est. Le trio qu’elle forme avec les Porrinyard est agréable à suivre et la fin de ce tome nous offre des révélations qui permettent d’en savoir plus sur le passé d’Andrea.
La troisième griffe de dieu est donc une nouvelle fois une grande réussite. L’enquête menée à la manière d’un Agatha Christie est très plaisante à suivre, mettant en jeu une dynamique complexe et étant suffisamment riche en rebondissements. L’intrigue proposée est moderne et très intéressante dans les thématiques SF abordées permettant un très bon dosage entre science-fiction et polar.
D’autres avis : Yuyine – La geekosophe – Fourbis & têtologie – Chut maman lit – Feygirl – Tachan – Xapur – Le Maki – Just a word – Le nocher des livres – Lune – Le chien critique – Célinedanaë
Une ville-archipel qui ressemble à la Venise du XVIIIe siècle, mais où un événement mystérieux a plongé une des îles dans les ténèbres et envoyé des calamités sur le reste de la cité. C’est La Venise des Louves, titre de cette bande dessinée plutôt surprenante.
Les Louves, ce sont cinq femmes frappées par les cataclysmes, traumatisées et transformées, dotées de pouvoirs surhumains et réunies autour de Renzo, lui aussi amputé par une bombe humaine envoyée par l’île noire. Leur but ultime: aborder ladite île et enfin se venger.
Quand je dis que cette bande dessinée est surprenante, c’est d’une part parce qu’elle a une intrigue particulièrement tarabiscotée, avec pas mal de retournements inattendus. Il y a clairement un côté « de cape et d’épée » au féminin, mais aussi un aspect fantastique lovecraftien, le tout louchant aussi du côté des histoires de super-héros.
Elle compte aussi – et c'est plus ennuyeux – un nombre pas très raisonnable d’éléments pas à leur place: des anachronismes (les kamikazes, le surréalisme, le casino), une ville qui pourrait être Venise, mais avec plein d’éléments qui clochent, des gondoliers qui n’en sont pas, des personnages très sexualisés, mais sans que ce soit trop rentre-dedans.
Du coup, j’ai passé une partie de ma lecture de La Venise des Louves à grincer des dents, surtout au début, et puis je me laisser prendre dans l’histoire. Et, au final, j'ai presque regretté que ce soit aussi rapidement fini. C'est une histoire complète, qui n'appelle pas de suite, mais il y aurait pu y avoir pas mal de développements: il y a, à mon avis, assez de matière pour un, voire deux volumes supplémentaires, sans que ça paraisse trop dilué.
Le scénario est signé Aurélie Wellenstein, dont le nom ne m’est pas inconnu, même si je ne me souviens pas d’où précisément. Comme mentionné, c’est sans doute le point fort cette BD, ainsi que les personnages. Le dessin d’Emanuele Contarini est plutôt bon aussi, surtout au niveau des décors, mais il manque parfois de constance et a tendance à changer de style d’une case à l’autre, ce qui est un peu dérangeant.
L’un dans l’autre, La Venise des Louves est donc une bande dessinée recommandable. Elle a pas mal de défauts, mais elle sait emporter le lecteur dans son monde et c’est plutôt une bonne chose.
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Une famille désunie
Isaac Yaga , vagabond magnifique, traîne ses guêtres d’un bout à l’autre du pays. Il lui faut voyager, laisser de la distance, sans cesse, entre lui et les personnes qu’il a rencontrées, qu’il a imitées, qu’il a escroquées. Car Isaac vit aux dépends de ceux qui l’écoutent. Il dérobe, non sans laisser un petit quelque chose en échange. Car la vie a horreur du vide et il vaut mieux le remplir soi-même si l’on ne veut pas qu’elle le fasse de son côté. Il est le Roi caméléon, capable de reproduire la moindre démarche, la moindre gestuelle, le moindre tic. Il sait, en vous observant, repérer votre façon de vous mouvoir, de vivre, d’être. Alors, il endosse votre peau comme celle de dizaines d’autres et s’invente, pour un temps, une vie. Comédien né, il entre littéralement dans la peau de son personnage.
Isaac ne manquait jamais de charmer son auditoire. Son élocution était aussi précise, aussi agile qu’un trapéziste ; sa langue dansait, rarement interrompue, sur la corde raide. Quand il parlait, on l’écoutait.
Bellatine Yaga, habile de ses mains, car ses mains la hantent. Obligée de les utiliser afin que ce ne soit pas elles qui l’utilisent. Bellatine aime travailler de ses doigts, créer. Elle est une artisane reconnue pour son talent. Mais elle préfère la compagnie de quelques-uns, dans des endroits éloignés, à la presse, à la foule. Loin du monde.
Ils sont frère et sœur mais ne se voient plus. Jusqu’à… jusqu’à… jusqu’au point de départ de cette aventure si fascinante et si incroyable, si terrible et si envoûtante. Jusqu’à l’arrivée, de façon horriblement triviale, de leur héritage. Dans un de ces containers si banaux qui traversent par dizaines de milliers les mers et les océans. En sort une maison. Déjà, c’est original. Mais quand on voit cette demeure se dresser sur ses deux pattes, le doute n’est plus permis, nous sommes bien dans le monde sombre et cruel de Baba Yaga.
L’ombre de la menace
Et, chacun pour une raison différente, Bellatine et Isaac partent sur la route avec leur maison ambulante. Ils vont tenter de gagner leur vie en faisant revivre le théâtre de marionnettes familial. Celui qui a bercé leur enfance. Celui qu’ils ont l’un et l’autre quitté, chacun pour une raison différente. Mais nécessité fait loi et les voilà mettant en commun leurs talents au profit de spectateurs enchantés. Seulement, l’histoire ne pourrait être complète sans une menace, un ennemi, mystérieux de préférence, sans pitié assurément. Cela tombe bien, un homme étrange à l’accent russe prononcé, apparaît dans leur sillage. Et il s’intéresse fortement à une certaine maison qui avance sur deux pattes. Ses intentions ? Mauvaises, sans hésiter. Il suffit de voir comment il traite ceux qu’il rencontre : une gorgée d’un liquide étrange et les voilà terrassés par leurs craintes les plus noires, leurs peurs les plus tenaces. Forcés, par ce liquide et par l’homme, de suivre leurs pulsions violentes, meurtrières et de combattre des ennemis imaginaires ou non. La haine triomphe. Et elle suit les pas des Yaga. Elle se nomme Ombrelongue.
Partout et nulle part
La Maison aux pattes de poulet a ceci de magique qu’elle mêle avec talent et aisance plusieurs croyances, plusieurs folklores, plusieurs traditions. GennaRose Nethercott parvient à nous plonger aussi bien sur les traces des hobos, glorifiés par nombre d’écrivains et de chanteurs, que dans les replis les plus sombres des contes slaves, noirs et sanglants, dans les ornières tragiques d’une histoire cruelle, nécessairement. Le lien entre eux se fait si facilement qu’on ne se pose aucune question. Tout est fluide, coule de source. Oui, il est évident de voir en pleine campagne américaine déambuler une maison perchée sur deux pattes de poulet. Oui, il est normal d’observer un homme capable de mimer à la perfection les gestes des spectateurs, à tel point qu’on ne puisse même imaginer qu’il est quelqu’un d’autre que celui qu’il imite. Oui, il est logique de voir… Non, je m’arrête là et vous laisse découvrir les autres sortilèges mis en places par l’autrice pour notre plus grand bonheur.
La superstition est l’apanage des véritables gens de théâtre.
Magnifiquement servi par une superbe (encore) couverture d’Anouck Faure, le roman de GennaRose Nethercott a réussi à me séduire d’emblée. Les premières pages sont envoûtantes et la mise en place des personnages très réussie. Et la suite ? Eh bien, elle tient parfaitement ses promesses et offre une histoire qui ne lâche pas ses lecteurices, jusqu’au bout. Alors si vous n’êtes pas sujet au mal de mer, tentez le voyage à bord de cette Maison aux pattes de poulet.
Présentation de l’éditeur :
« Comme Neil Gaiman et Susanna Clarke, GennaRose Nethercott maîtrise parfaitement l’alchimie de cruauté et de merveilleux qui forge les meilleurs contes de fées pour adultes. Les lecteurs auront du mal à trouver plus belle lecture pour passer la soirée. » Shaun Hamill, auteur d’Une Cosmologie de monstres.
Séparés depuis l’enfance, Bellatine et Isaac Yaga pensaient ne jamais se revoir. Mais lorsque tous deux apprennent qu’ils vont hériter de leur grand-mère ukrainienne, frère et sœur acceptent de se rencontrer. Ils découvrent alors que leur legs n’est ni une propriété ni de l’argent, mais quelque chose de bien étrange : une maison intelligente juchée sur des pattes de poulet.
Arrivée de Kyiv, foyer ancestral de la famille Yaga, l’isba est traquée par une entité maléfique : Ombrelongue, qui ne reculera devant aucun acte de violence pour détruire l’héritage de Baba Yaga.
Merci aux éditions Albin Michel Imaginaire (Gilles Dumay) pour ce SP.
D’autres lectures : Just a word – FeydRautha (L’épaule d’Orion) – Tachan – Fantasy à la carte – Feygirl – Les pipelettes – Yvan (EmOtionS) – CélineDanaë (Au Pays des Cave Trolls) – Stelphique – Weirdaholic – Les Fantasy d’Amanda – Carolivre – Boudicca (Le Bibliocosme) –
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